NOURRITURES
Les Nourritures Terrestres est un œuvre de jeunesse d’André Gide publiée en 1887. Œuvre hybride, il s’agit d’un roman-poème qui mêle souvenirs des voyages méditerranéens, récits d’expériences amoureuses et réflexions philosophiques. Le narrateur s’adresse à un certain Nathanaël, jeune homme auquel sont destinés les enseignements d’un livre qui doit le mener sur les chemins des sens. Les mots doivent être brulés immédiatement après avoir été lus pour que l’initiation sensuelle puisse s’accomplir.
Extraits de l’œuvre :
« Je ne sais ce que j’avais pu rêver cette nuit. À mon réveil tous mes désirs avaient soif »
« Il semblait qu’en dormant, ils eussent traversé des déserts
Entre le désir et l’ennui
Notre inquiétude balance .
Désirs ! Est-ce que vous ne vous lasserez pas ?
Oh ! oh ! oh ! cette petite volupté qui passe et qui sera bientôt passée »
« Mes émotions se sont ouvertes comme une religion »
« Je n’écris que pour toi ; je ne t’écris que pour ces heures. Je voudrais écrire tel livre d’où toute pensée, toute émotion personnelle te semblât absente, où tu croirais ne voir la protection de ta propre ferveur. Je voudrais m’approcher de toi et que tu m’aimes. »
Sous la forme de chants poétiques faisant écho à la structure même de l’œuvre d’André Gide, Marie Perruchet souhaite explorer toute la symbolique des sensations. La sensualité, le rapport aux corps, la «possession amoureuse» chère à Gide s’incarne dans des corps mouvant, investit un lieu et se transforme en long plan séquence qui emporte avec lui le spectateur dans une huis clos de 45 minutes. Marie Perruchet organise son processus de création autour de l’improvisation. Tantôt libre, tantôt plus précisément guidée par le texte poétique de Gide, il s’agit pour les danseurs de saisir quelque chose comme une poétique des corps, à la fois poésie et invention d’une forme. Trouver sa place dans l’espace, trouver sa place par rapport à l’autre ; l’invention d’une forme de vie guidée par la ferveur, voilà comment doit s’organiser la danse qui sublime la matière de son propre corps en même temps qu’elle l’interroge et interroge son lien avec autrui.
Il s’agit tout à la fois de trouver son geste, le geste individuel qui prendra place dans des ensembles qui s’inspireront également de l’organicité, la rondeur et la sensualité de certaines sculptures d’Auguste Rodin. Comme le héros de Gide, les danseurs sont à la recherche d’une certaine volupté . Le volume, la rondeur, une vie s’inventant dans le mouvement, toujours charnel et précis ; les différents impératifs catégoriques gidiens qui guident Nathanaël, le lecteur, les danseurs et les spectateur sur leur propre chemin initiatique guident également le processus de création de la chorégraphie de Marie Perruchet.
Distribution
Chorégraphie : Marie Perruchet
Assistant Chorégraphique : Xavier Perez
Interprètes : Aurore Godfroy , Marie Perruchet , Nicolas Travaille
Création Lumières : Tanguy Gauchet
Musique : Alex Liebermann (composition originale), JS Bach & Jozef Van Wissem (corpus)
Une soirée présentée par l’Association Compagnie Body Double.
Ouverture des portes à 20h. Début de la représentation à 20h30.