PETER PETER
C’était en 2012. Comme un ange venu de sa Belle Province, où son délicat premier album éponyme avait dès l’année précédente affirmé le songwriting ciselé d’un garçon assurément plein d’avenir, le Québécois Peter Peter publiait Une version améliorée de la tristesse. Le paysage parfois monotone et cloisonné de la chanson francophone se trouvait, très soudainement, chamboulé par cette déflagration en clairs et obscurs, ces tubes pop et mélancoliques aussi immédiatement accessibles que discrètement tordus, formidable vision en français de l’efficacité mélodique anglo-saxonne.
Le succès ne fait pourtant pas forcément le bonheur. Pas pour un écorché comme Peter Peter, indécrottable admirateur des poètes maudits, artiste ne se sentant complet que s’il sacrifie tout pour l’écriture — y compris une part importante de son intimité. En auscultant de manière romanesque et sociologique le monde réel, Peter Peter s’était oublié. Il avait notamment oublié une chose : c’est dans une introspection totale, dans des vagabondages mentaux sans limite ni tabou qu’il vit avec le plus de force et invente avec le plus de liberté. Ainsi a commencé à prendre forme le secouant et secoué Noir Eden, album chimérique, collection de fantasmes aussi libres que l’âme où ils ont déroulé leurs arabesques : en sacrifiant sa vie sociale, en se coupant du quotidien pour le laisser à ses trivialités, dans un ermitage mental parfois proche de la transe. «Je faisais ce que j’aime faire : laisser mon esprit partir où il veut, vagabonder assez loin, dans des choses un peu folles. J’en bégayais parfois d’avoir à ce point perdu le contact avec les réalités. Je me suis coupé du monde, c’était un sacrifice : je devais me donner entièrement pour ce disque, me laisser aller dans les limbes. Sans bornes : j’essayais de n’avoir aucune contrainte.»
Un esprit libéré de ses bornes, comme l’a été celui de Peter Peter lors de l’écriture de Noir Eden, n’aurait jamais pu produire une musique conventionnelle, codée, formatée. Et c’est également au creux même de ses notes, de ses sonorités, de ses styles et de ses sensations que le troisième album de l’homme aux deux prénoms éclate les frontières. Electronique mais charnel, froid et sensuel, noir et lumineux, 80’s et futuriste, enlevé et mélancolique, il est un disque multiple, un album de science-fiction, une tentative de torsion, fine et subversive, des immuables ondes FM. Noir Eden se défait des codes, se permet à la fois le tube instantané et les divagations soniques, les mélodies clinquantes et les expérimentations inattendues. Il est l’œuvre d’un garçon qui aime à la fois la brillance et le bizarre.
«Je voulais faire au départ mon album le plus pop, j’ai fini par faire mon album le plus weird. Les deux opposés sont présents, et se rejoignent.»
Première partie : VOYOV
Il aura fallu du temps à Thibaud Vanhooland. Du temps pour façonner, avec la patience d’un orfèvre, quelques chansons. Les siennes. Du temps pour mener et ne plus suivre. Inventer sa cour de récréation. Avec dans ses valises les années passées aux côtés d’Elephanz, Pegase et Rhum for Pauline, c’est sous l’alias VOYOV que Thibaud prend désormais la route, en français dans le texte.
Son premier EP, On s’emmène avec toi, présente à travers 3 titres son univers… Il résonne comme un carton d’invitation. Sur lequel on s’attarde, séduit, dans l’attente de recevoir le prochain…
Une soirée présentée par A Gauche de la Lune.
Ouverture des portes à 19h30. Début des concerts à 20h.