CONSTANTINOPLE & ABLAYE CISSOKO
Jardins Migrateurs ou la rencontre poétique entre cordes et voix, des épopées du Royaume mandingue aux musiques de cours persanes !
De tout temps, en tous lieux, la Parole du monde s’est incarnée dans celle, terrestre, du barde, du troubadour ou du griot. Ces artisans poètes, tout autant passeurs que pacificateurs, sont le trait d’union avec les forces de la nature, le divin indicible, la mémoire des anciens. Il leur revient d’entretenir le foyer quotidien de l’âme collective. Entre le djéli malinké conseillant les rois-guerriers et narrant leur glorieuse généalogie, et le bakhshi du Khorasan, lettré, chamane et barbier, il ne semble ainsi y avoir qu’une corde de luth… C’est à croire que les mélodies et l’oralité viennent autant de la terre, de l’eau et de l’air que du cœur des hommes.
De nos jours, ces libres penseurs et voyageurs font du monde leur jardin… À la façon des musiciens de Constantinople et d’Ablaye Cissoko, griot de Saint-Louis du Sénégal, éternel oiseau migrateur et maître de la kora. On dit de cette harpe luth du Royaume mandingue qu’elle était le bien le plus précieux et disputé de la femme-génie. De cette créature céleste, Ablaye semble avoir hérité la grâce. Douceur de son timbre, finesse de ses lignes mélodiques, fluidité de son doigté, virtuosité sans tapage, propos d’une générosité ciselée, écho à l’enfance et maturité du sage mêlées.
Entre le trio Constantinople et Ablaye, au commencement, la rencontre simple des cordes et des voix qui rappellent aux sources la beauté d’être. Puis, la traversée conjointe des lieux communs de l’imagination, comme une longue respiration face à la marche inexorable du monde et du temps.
Première partie : VARDAN HOVANISSIAN & EMRE GULTEKIN «ADANA»
Le projet de la réconciliation entre deux vibrantes cultures aux bases si communes, une amitié sans frontière, la rencontre entre la sonorité mélancolique du doudouk arménien et le travail virtuose du saz et du tanbûr turques. Le premier, Arménien, est un maitre du doudouk, sorte de hautbois aux volutes mélancoliques ; le second, Turc, joue comme personne du saz, le luth des bardes caucasiens. Cent ans après le génocide arménien, leur musique douce et poétique est un symbole d’espoir et de paix. La voix grave du saz s’unit à la complainte envoûtante du hautbois arménien pour pleurer la patrie meurtrie et porter les amours éternelles.
Depuis qu’il a été initié au doudouk par son maître Khachik Khachatryan, Vardan Hovanissian est devenu l’un des ambassadeurs talentueux de cet instrument à anche double très ancien, dont la sonorité mélancolique reflète l’âme arménienne. Il y a plus de dix ans, il a trouvé son âme sœur musicale en Emre Gültekin, qui a appris l’art du saz turc auprès de Talip Özkan et son père Lütfü Gültekin.
L’amitié sans frontières qu’ils ont développée les a menés à “Adana”, leur premier CD duo. Adana n’est pas seulement le nom de la ville qui a subi de plein fouet la tragédie arménienne il y a tout juste un siècle ; c’est aussi le nom d’un espoir, porté par les musiciens, d’une autre Adana où Turcs et Arméniens vivaient en harmonie. Cet album est également symbole de réconciliation et d’amitié entre ces cultures aux bases si communes. Chantés en arménien et en turc, les textes entrent en résonance avec la sonorité mélancolique du doudouk arménien et le travail virtuose du saz et du tanbûr. Un album qui permet d’envisager l’Histoire d’une manière plus positive.
Une soirée présentée par Ma Case Prod.
Ouverture des portes à 19h30. Début des concerts à 20h.